Un
Il
aura fallu qu'elle franchisse le pas, qu'elle prenne la décision
pour nous. Contre nous. C'était inévitable, attendu, et
pourtant je ne réalise pas. Je suis fasciné par son
aplomb de surface. Elle feint, très certainement. Je l'espère.
« Un
château de cartes qui s'effondre », ce sont ces
mots. C'est involontairement poétique et terriblement
pertinent. Un château de cartes ; une performance, une
construction dont on est aussi fier qu'elle est fragile. Il m'est
arrivé d'en espérer la chute, j'ai sans aucun doute
participé à son effondrement. Elle a soufflé
dessus. Rideau.
J'ai
l'impression qu'elle est loin, en voyage. J'ai plein de choses à
lui raconter alors que nous n'avions plus rien à nous dire.
J'aimerais
au moins qu'on saute l'étape des discussions techniques, des
conversations déplacées mais nécessaires sur les
conséquences matérielles de la séparation. Tu
gardes l'appartement, tu me rachètes le canapé ?
Il
faudrait qu'on puisse partir, chacun de notre coté. Revigorés
par cette nouvelle vie qui nous attend. Et qu'on s'apelle dans
quelques mois pour voir ce que ça fait de se faire la bise et
de boire un café ensemble.